C’est en juin 2007 que le Groupe BANK OF AFRICA(BOA) obtient le « feu vert » de la Banque Centrale de Tanzanie (BCT) pour l’achat de l’Eurafrican Bank of Tanzania (EAB). La transformation effective de celle-ci en BOA BANK-TANZANIA(BOA-TANZANIA), 10ème banque commerciale du réseau commencé en 1982 au Mali, sera achevée deux mois plus tard. Comme pour les autres entités achetées en zone anglophone depuis 2004, le processus d’implantation a été difficile, mais le résultat obtenu valait bien la ténacité des équipes au service de cet objectif.
L’installation à Dar-es-Salam est d’abord la dernière étape d’un long parcours engagé avec le Groupe de la banque Belgolaise. Depuis 2003 en effet, diverses négociations ont eu lieu pour la reprise des filiales africaines que ce grand établissement belge a prévu de céder. Trois nouveaux établissements seront finalement intégrés au réseau BOA à l’issue de ce processus. La Banque de Crédit de Bujumbura (BCB) au Burundi en 2005, l’Allied Bank en Ouganda en 2006 et l’EAB en Tanzanie en 2007. L’implantation de la BOA au Kenya en juin 2004 rend ce réseau encore plus attractif aux yeux des Autorités monétaires et des investisseurs régionaux, et de la clientèle des grandes entreprises. Elle accroit aussi la motivation des dirigeants de BOA et facilitera la mobilisation des partenaires souhaités et des équipes de l’EAB. Ces avancées seront essentielles pour l’aboutissement de l’implantation en Tanzanie.
Pour atteindre ce résultat, une des principales difficultés est, outre l’habituelle négociation du prix d’achat, la constitution du « tour de table » de la future banque. L’actionnariat de l’EAB compte d’abord, aux côtés de la Belgolaise, des investisseurs institutionnels -les Belges de BIO et les Néerlandais du FMO -, devenus depuis plusieurs années des partenaires de la BOA : ils sont prêts à maintenir leur participation, ce qui est accepté bien volontiers. Il inclut aussi quelques actionnaires privés tanzaniens avec lesquels il faudra négocier au cas par cas pour trouver des accords de départ ou de maintien ; ce dernier cas concernera notamment la Tanzanian Development Finance LTD(TDFL) qui s’engage avec la BOA. Surtout, les exigences particulières de la Banque Centrale de Tanzanie (BCT) en termes d’actionnaires des banques locales conduisent à donner une place essentielle au capital à la jeune BANK OF AFRICA-KENYA tandis que le Fonds d’Investissement Aureos rejoint aussi le projet, comme il l’a fait à Nairobi et Kampala. La mise au point a été longue et délicate, mais l’actionnariat ainsi composé constitue une base solide pour la croissance à venir de la banque.
Les discussions ardues avec la BCT porteront aussi sur de nombreux autres aspects du dossier des repreneurs, en application d’une procédure particulièrement exigeante en Tanzanie, et c’est en août 2007 que la banque pourra être accessible au public sous sa nouyelle identité.
Il faut alors travailler sur la restructuration et la relance de l’établissement. La BOA -BANK TANZANIA pourra compter sur plusieurs atouts pour atteindre ces objectifs. D’abord la présence à sa tête de deux Directeurs Généraux successifs – celui d’EAB qui restera un temps avec les repreneurs, puis celui choisi par le Conseil d’Administration de la nouvelle entité – qui allient tous deux compétence, dynamisme et engagement. Ensuite, la participation active des équipes, maintenues à leur poste, à la remise en ordre de l’établissement et à sa croissance vers de nouveaux secteurs de clientèle. En troisième lieu, le maintien inchangé du Président du Conseil d’Administration, personnalité locale respectée, qui apporte confiance et soutien aux nouveaux dirigeants et rassure la clientèle. Enfin, le support constant du Groupe BOA et des autres actionnaires, qui doubleront le capital en 3 ans.
C’est donc forte de ces avantages que la nouvelle entité entame ses activités en s’attaquant sans délai à l’assainissement d’un portefeuille de crédits en partie compromis. L’état d’esprit plus offensif de la Banque et les efforts réciproques consentis par celle-ci et par ses clients vont permettre de réduire progressivement le volume des concours en souffrance et, en conséquence, les besoins de provisions. Surtout, et comme promis, la Banque va aussi, dès l’origine, définir et conduire en permanence un programme multiforme de développement, conforme à la philosophie du Groupe : construction d’une banque « tous publics », ouverture d’agences dans la capitale et à l’intérieur du pays, innovations commerciales, actions spécifiques en faveur des petites entreprises, présence renforcée dans les opérations internationales appuyée sur de grands partenaires. Certes cette stratégie doit affronter une concurrence accrue qui rend plus difficile la progression : de nouveaux établissements se créent en effet régulièrement et le système bancaire du pays est à ce jour fort de quelque 40 institutions de tailles et d’origines diverses. Mais la BOA-TANZANIA va aussi bénéficier de la montée en puissance du pays en termes démographiques -près de 45 millions d’habitants en 2010 et environ 64 millions maintenant- et économiques – avec un taux de croissance du Produit Intérieur Brut parmi les plus élevés du continent ces derniers années.
Un nouvel élan est donné et les actions menées seront payantes. En une quinzaine d’années, BOA-TANZANIA va changer de dimension et s’inscrire dans la catégorie, plus retreinte, des banques de « Tier2 ». La taille de son réseau, ses initiatives, la qualité de son service en ont fait un établissement apprécié, tant en Tanzanie qu’à l’International. Dans le même temps, elle a rempli son rôle pour que le Groupe BOA, ainsi implanté dans les trois principaux pays de l’EAC, profite au mieux des synergies régionales et contribue activement à leur développement.
Joyeux anniversaire à la Banque et à ses équipes !
Paul Derreumaux