En cette matinée de fin 2005, le Boeing 737 matinal de Kenya Airways venant de Nairobi fait son approche de l’aéroport de d’Entebbe. Avec le ciel azuréen de la saison sèche, la première image des voyageurs est la magnifique vue du lac Victoria avec son immensité et son bleu intense. Pourtant, la petite équipe de la BANK OF AFRICA (BOA) ne s’attarde pas. Elle se hâte de rejoindre le Directeur Financier de la banque Allied Bank qui l’attend sur le parking, et tous prennent la longue route qui va les conduire à Kampala. Ainsi s’engage la première mission de terrain qui conduira un an plus tard à la BANK OF AFRICA-OUGANDA.
Depuis quelques mois, la holding de BOA a repris en effet ses négociations avec la banque Belgolaise pour l’achat d’une partie de son réseau africain. Après plus d’un an de discussions infructueuses, en particulier au Ghana, les efforts se concentrent sur l’acquisition de la participation majoritaire du Groupe belge dans ses filiales d’Ouganda et de Tanzanie. Les deux banques sont petites, mais constituent toutes deux un enjeu crucial pour renforcer une entrée récente dans l’East African Communiry (EAC). Plusieurs facteurs favorables joueront pour faciliter et accélérer d’abord l’installation en Ouganda.
En 2005, Allied Bank termine une période délicate durant laquelle elle a été bien restructurée. Le Directeur Général ghanéen qui pilote alors la banque a utilisé son expérience, sa connaissance du terrain et ses talents de « leadership » pour mobiliser ses équipes dans un lourd travail d’assainissement, de modernisation et de relance commerciale. Les cadres et le personnel qui l’entourent ont activement oeuvré à ce chantier qui porte maintenant ses premiers fruits.
Du côté de BOA, la « due diligence » se passe sans encombre et donne une idée claire de la situation de l’établissement, du coût probable de l’achat, de l’étendue des investissements ultérieurs à réaliser et de la stratégie possible. Une fraction du temps passé à Kampala est aussi employée à mieux faire connaitre le Groupe BOA et à convaincre les principaux interlocuteurs locaux des atouts de celui-ci. C’est bien sûr d’abord le cas du personnel, préoccupé de savoir si cette banque francophone pourra s’imposer en Ouganda, adapter ses méthodes au contexte local et insuffler le dynamisme qui manquait ces dernières années à l’actionnaire sortant. C’est le même discours qui est tenu à la Banque Centrale, qu’il faut surtout écouter afin de comprendre les règles qui seront à respecter pour obtenir l’autorisation de ce rachat, comme pour mener ensuite les activités de la banque. Au départ de Kampala, la conviction de la mission est arrêtée : l’audit n’a pas révélé d’anomalies susceptibles de remettre en cause les discussions préliminaires, le potentiel de croissance de la banque et de son apport en synergie régionale est important, l’accueil reçu a été positif. Il faut donc aller vite pour franchir les étapes.
Une fois cette orientation validée par le Conseil de la holding de BOA, plusieurs voyages en Ouganda à cadence rapprochée conduiront à une évolution rapide du dossier. Dès le premier retour sur place, le Directeur Général de Allied, absent lors du premier séjour, va être un précieux appui. Aussi à l’aise dans les contacts commerciaux ou administratifs qu’il est attentif dans le contrôle, possédant une vision claire des potentialités de sa banque et des moyens de les atteindre, il est prêt à poursuivre sa mission, qui prolongerait le travail déjà accompli. Il adhère aisément aux orientations exposées pour l’avenir : préservation de la clientèle existante mais élargissement et diversification maximaux du public visé ; construction d’un réseau d’agences ; exploitation « tous azimuts » de l’atout de la synergie dans l’AEC ; politique continue de modernisation et d’intégration dans le Groupe BOA, surtout pour les « grands comptes ». Il est donc vite retenu que lui-même et tous les membres du personnel qui le souhaiteront pourront rester en place. Leur acceptation d’ensemble, comme celle du Président du Conseil approché à cette fin, permettent de placer l’approche retenue sous le signe, rassurant pour tous, d’une parfaite continuité des équipes au service de la nouvelle politique d’expansion soutenue par un Groupe en plein développement.
Auprès de la Banque Centrale, la demande d’agrément progresse aussi à grand pas. Au vu des exigences réglementaires, le rôle essentiel de la BANK OF AFRICA-KENYA s’impose. Le Groupe réalise donc sans délai l’augmentation de capital de cette dernière qui lui donne les moyens financiers d’une participation de 46% au capital de la filiale en cours de création. Les deux partenaires du Kenya, le FMO et le Fonds d’Investissement Aureos, acquièrent chacun 22% du capital. La société Central Holdings Uganda, déjà actionnaire de Allied Bank, maintient sa participation de 10% et restera un fidèle partenaire. Sur cette base solide, et facilité par la diligence du Gouverneur de la Banque Centrale et de ses collaborateurs, l’agrément est obtenu dès mai 2006. Les mises au point juridiques, longues mais efficacement conduites par l’avocate kenyane du Groupe, conduiront à l’ouverture de la BOA-OUGANDA en octobre 2006.
Dès lors, la nouvelle entité saura saisir toutes les opportunités pour améliorer sa visibilité et sa croissance. Par l’accent porté sur les actions commerciales et la qualité de service, la Banque réussit à garder son ancienne clientèle et développe rapidement son public malgré une compétition redoublée par l’arrivée de nouvelles institutions. La construction de son nouveau siège renforce son attraction, améliore l’installation d’équipes en effectif croissant et facilite leur travail. Méthodiquement, BOA-OUGANDA construit un dense réseau d’agences dans la capitale et sur le reste du territoire et devient bien l’établissement bancaire « tous publics » qui était recherché. Le dynamisme de l’économie et des entreprises ougandaises stimule l’impact de ces diverses initiatives. Grâce à elles, et aux bonds impressionnants des fonds propres -multipliés près de 20 fois en EUR entre 2006 et 2023-, BOA-OUGANDA progresse sur la place bancaire et s’inscrit peu à peu dans la catégorie appréciée des banques « Tier2 ». Certes, elle est frappée comme partout par la crise systémique du Covid 19 et subit aussi les inconvénients des fréquentes dépréciations monétaires. Malgré tout, les chiffres sont éloquents : en 18 ans, le bilan comme les dépôts et les crédits auront été multipliés de 12 à 15 fois en Shillings Ougandais, tandis que la banque sera restée presque constamment bénéficiaire.
Celle-ci trace résolument son chemin dans l‘équilibre harmonieux d’un ancrage local fort et d’une contribution active à un réseau bancaire en croissance régulière. L’intégration régionale s’est renforcée avec une BOA-KENYA devenue majoritaire après le départ du FMO et d’Aureos. Le jeune Directeur Financier de 2006 est devenu Directeur Général et n’a rien perdu de son enthousiasme et de son engagement. La Banque, son équipe et ses actionnaires continuent à investir et à innover. BOA-OUGANDA n’a donc pas fini de grandir et de surprendre.
Joyeux anniversaire et grands succès à venir.
Paul Derreumaux