Après l’épopée réussie à Madagascar en 1999, puis dans les trois pays de l’East African Community (EAC) entre 2004 et 2007, beaucoup de défis apparaissent abordables pour les dirigeants du Groupe BANK OF AFRICA (BOA). C’est donc bien comme un nouveau challenge que le Conseil d’Administration de la holding du Groupe reprend fin 2007 l’étude du projet d’installation d’une banque en République Démocratique du Congo (RDC). Le pays est attractif pour plusieurs raisons : il est gigantesque autant par sa démographie que par ses richesses naturelles, et offre donc des possibilités variées pour les activités financières ; son système bancaire est encore peu encombré, spécialement en entités internationales ; son évolution économique a été handicapée depuis de longues années par des crises politiques multiples, mais la perspective d’une stabilisation de ce contexte s’est améliorée ; enfin, avec une présence en RDC, le Groupe rapprocherait fortement ses deux zones d’implantation et concourrait à son ambition de les réunir un jour. Ces atouts compensent largement les complexités de l’environnement local qui persistent et la volatilité connue du Franc Congolais.
Une première tentative avait été esquissée dès 2003 à l’occasion des négociations avec le groupe Belgolaise pour le rachat partiel de son réseau africain. Mais sa filiale à Kinshasa, la banque BCDC, était apparue trop importante au regard des moyens du réseau BOA de l’époque. L’approche adoptée pour ce second essai est celle de la création d’un nouvel établissement et de son développement progressif. Une équipe de deux personnes s’envole donc de Nairobi en janvier 2008 pour apprécier la faisabilité d’une telle opération. L’un des missionnaires connait très bien le pays, ce qui facilite la collecte d’informations et les prises de contact avec les Autorités et beaucoup de partenaires et clients potentiels. Partout l’accueil est favorable : l’économie a progressé depuis nos séjours précédents ; l’ouverture aux investissements étrangers s’est accentuée ; la BOA est désormais mieux connue dans la région et elle compte des investisseurs institutionnels présents en RDC qui pourraient être intéressés par ce projet. Une seconde mission exploratoire fait surtout un point précis des difficultés qui seraient à gérer : rareté et cherté des ressources humaines requises ; prix très élevés des produits et services indispensables pour une banque ; forte dollarisation de l’économie qui impose une organisation spécifique des activités des établissements financiers et de leurs relations avec la clientèle ; choix délicat de l’implantation du siège en raison du peu d’immeubles adéquats.
Après ces divers constats, les conclusions sont positives. Le dossier proposé est agréé à l’unanimité par le Conseil d’Administration de BOA Group en avril 2008. Il prévoit la création d’un nouvel établissement au capital de 10 millions de USD, minimum requis par la Banque Centrale. La répartition du capital de la future BANK OF AFRICA-RDC (BOA-RDC) est aisément arrêtée : le Groupe en détiendra 60% et deux institutions bilatérales déjà alliées de BOA -la française Proparco et la belge BIO- souscriront le reste. Bati sur ce solide actionnariat, le dossier de demande d’agrément est déposé en mai 2008 Les inévitables allers et retours administratifs prendront cependant près d’un an avant d’aboutir en avril 2009
Pendant cette longue attente, les équipes se hâtent sur les chantiers majeurs. Un beau site a d’abord été réservé en centre-ville, dans le quartier de La Gombé : il sera acheté début 2009, quand notre demande d’agrément a bien progressé, et les travaux de construction du siège et de l’agence principale y seront tout de suite menés à marche forcée. C’est vers mi-2009 que la future banque recrute son personnel, selon ses procédures formelles très sélectives testées de longue date : l’identification des quelque 25 personnes qui constitueront l’équipe initiale sera difficile. La méthode sera cependant comme toujours efficace et la qualité des recrues, jeunes pour la plupart, apparaitra aussi bien dans la réussite de leur formation que dans les résultats qui seront ensuite engrangés par la banque. Pour le reste, pendant le second semestre 2009, tous les autres préparatifs seront menés à terme, malgré un environnement lourd de contraintes, grâce à la pratique acquise dans les 11 premières entités du réseau BOA et l’engagement des équipes d’assistance technique. Dès l’achèvement des travaux du siège, la 12ème filiale BOA ouvre ses portes au public en décembre, réussissant son pari d’être opérationnelle pour fin 2009.
La BOA-RDC se tourne d’abord vers la clientèle des entreprises, nationales et étrangères, par suite d’une bancarisation encore très faible des particuliers non-fonctionnaires. Mais cette politique ralentit la croissance nécessaire des dépôts indispensable pour donner à la jeune entité une structure bilantielle solide. Le Conseil d’Administration et la Direction Générale suivent donc attentivement tous les indicateurs et appliquent au fur et à mesure les stratégies correctrices adéquates. La banque est aussi plongée immédiatement dans les contraintes d’une économie où plus de 80% des transactions s’effectuent en dollars et où la valeur du Franc congolais connait de nombreuses et puissantes variations : l’apprentissage est pourtant rapide et sans mauvaise surprise grâce à l’expérience maintenant diversifiée du réseau BOA et l’ambition de satisfaire les attentes d’une clientèle qui croît. Malgré la détermination des cadres et du personnel à Kinshasa et l’appui habituel de l’ensemble du Groupe, la montée en puissance de la BOA-RDC se heurte cependant à des facteurs extérieurs. Ainsi, l’environnement bancaire a connu en quelques années une densification spectaculaire en raison de l’intérêt marqué des grandes banques africaines : quelques-uns des principaux établissements d’Afrique centrale francophone, du Kenya, du Nigeria et de Tanzanie par exemple rejoignent en effet la place de Kinshasa où une quinzaine d’acteurs sont maintenant agréés. De plus, pour tenir compte des taux élevés d’inflation, la Banque Centrale a imposé en 2016 un triplement du capital social libéré, toujours fixé en USD, à 30 millions de USD.
Cette compétition redoutable et ces exigences financières vont être avant tout, pour BOA-RDC et ses équipes, des stimulants pour leur combativité, le renforcement continu de l’organisation et de la qualité du service offert, et l’élargissement de la palette des produits et des innovations. Les stratégies menées pour la conquête de publics variés attirent une clientèle toujours plus large et multiforme, et drainent les dépôts attendus pour la hausse des concours aux entreprises et aux particuliers. La Banque installe peu à peu ses agences à Goma, dans l’Est, puis à Lumumbashi, centre économique majeur, et étend à 7 agences son réseau à Kinshasa. Le Groupe répond aux efforts d’augmentation des fonds propres poursuivis par les Autorités en souscrivant des obligations à moyen terme pour préparer de futures augmentations du capital. Ces efforts de développement portent leurs fruits. BOA-RDC améliore régulièrement ses indicateurs de bilan et de résultats pour les porter au niveau des standards recherchés. L’accélération de la croissance des dépôts et des crédits renforce régulièrement le poids et l’audience de la Banque dans le pays. A fin 2023, les profits des dernières années ont confirmé sa profitabilité et consolidé ses fonds propres. L’entrée récente de la RDC dans l’espace économique intégré de l’EAC, les opportunités offertes par une population de plus de 100 millions d’habitants et une exploitation mieux organisée de multiples ressources naturelles, les actions des Autorités pour la création d’un environnement plus favorable au développement économique, l’appui croissant des institutions internationales constituent des appui réalistes pour un avenir prometteur du système bancaire national au service du pays. L’atteinte par BOA-RDC en 2025 du nouveau capital minimum de 50 millions de USD édicté par la Banque Centrale lui permettra d’y participer pleinement et de poursuivre sainement son chemin.
Joyeux anniversaire et excellente année 2025 à la BOA-RDC et à ses équipes ! Que l’avenir leur soit radieux.
Paul Derreumaux
Article publié le 30/12/2024